Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XVI


Une heure sonnait quand la voiture de M. Chanteprie traversa les rues désertes de Hautfort. Tout était silence et ténèbres. Sous le double éclair des lanternes, les vieilles maisons avec leurs hautes fenêtres et leurs balconnets de fer, les rares enseignes, les boutiques enfoncées et renfrognées, les arbres nus dépassant les petits murs, les poteaux blancs du télégraphe, le porche de l’église, l’hospice du comte Godefroy, apparaissaient, disparaissaient, repris par l’ombre. Il pleuvait toujours.

Près du jardin municipal, Augustin rendit les rênes au domestique, et, pour abréger sa route, il prit l’allée inaccessible aux voitures qui aboutissait presque au seuil de la maison. Derrière lui, la ville et la plaine s’abîmaient dans un gouffre noir. Mais le jeune homme sentait la présence, l’accueil des choses qu’il ne voyait pas. Dans ces lieux désolés, par cette affreuse nuit,