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Si tous les honnêtes gens se remuaient, comme moi vous verriez le chambardement aux élections générales…

Augustin pensait : « Il me semble que j’entends M. Le Tourneur… Pourquoi ai-je tant de répugnance pour ces catholiques de salon et de meeting ?… Il y a bien de la rhétorique dans cette profession de foi de Rennemoulin… Mais je dois me garder de tout jugement téméraire… »

Après dîner, Rennemoulin dit à Fanny :

— Vous savez que je dois vous quitter à dix heures, chère madame. Je suis absolument obligé d’aller chez la comtesse de Jouy… Vous serez tout à fait aimable… vous rappellerez à M. de Chanteprie qu’il m’a promis de venir me voir, à l’Oriflamme

— J’irai certainement, dit Augustin, et vous viendrez à Hautfort.

— Oui, certes, et je vous gagnerai à notre cause. Ne laissons pas les socialistes prendre l’initiative d’un rapprochement entre les intellectuels et le peuple. Allons au peuple !… Votre place, monsieur, est parmi nous. Je vous ferai connaître nos cercles, nos universités, nos coopératives… Dix heures et quart ? Je me sauve… À bientôt.

Il serra les mains tendues, dit à voix basse quelques mots à Louise Robert, et s’en alla.

Pendant que Fanny servait le café, M. de Chanteprie regardait les tableaux et les moulages. Sur les murs de l’atelier, des voiles de Gênes étaient disposés en panneaux. Pas d’autres meubles qu’une table, des sièges fantaisistes et dépareillés, une armoire normande, un divan à coussins recouvert en drap bleuâtre.