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Elle faillit répondre : « Eh ! qui vous force à mentir ? N’êtes-vous pas libre ?… » Il reprit :

— Qui avez-vous encore, avec M. Rennemoulin ?

— Louise Robert, une femme charmante et malheureuse, dont le mari ressemblait au mien. Il est devenu fou, comme le mien, et Louise… Mais je n’ai pas le droit de vous conter les petits secrets de mes amies… Vous verrez aussi un de mes bons camarades, que vous avez rencontré, une fois, au Chêne-Pourpre : Georges Barral…

— Le bicycliste en détresse ?

— Lui-même. Il a des façons brusques et drôles, mais c’est un ami excellent… Tous ces gens s’en iront de bonne heure, j’espère, et vous avec eux… Mais vous reviendrez.

— Et le train ?…

— Le train ?… Vous l’attendrez jusqu’à demain matin, dans les bras de votre amie… Oh ! ne dites pas non !

— C’est impossible.

— Rien n’est impossible quand on aime.

— J’ai promis à ma mère de la voir, des mon retour. Elle est inquiète…

— Oh ! tu ne me feras pas tant de chagrin ! dit Fanny d’une voix mouillée de larmes. Nous pourrons à peine nous parler. Envoie une dépêche, trouve un prétexte, invente quelque chose, et reste, oh ! reste, mon amour !

— Crois-tu donc que je partirai sans regrets ?… Fanny, sois raisonnable… Tu viendras à Hautfort, après-demain, dans le cher pavillon… À trois heures, veux-tu ?… Je t’ouvrirai moi-même la petite porte du