Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autour de la fenêtre, et l’écho d’une altercation étouffée parvint jusqu’à elle.

— Je suis le maître, ici…

— C’est-il possible que les enfants commandent à leurs vieilles mères ?… Martial, c’est parce que t’es curé que tu me dois pas le respect !…

— Je vous respecte, mais je vous prie de me laisser libre…

— Oui, pour qu’on jase de nous dans le pays… Tu sais point la mauvaiseté des gens… J’te dis qu’ils écriront des choses sur toi à Monseigneur…

— En voilà assez !…

L’abbé entra dans la salle à manger, brusquement.

— Excusez-nous, madame, je vous prie. Ma mère a l’oreille dure, et moi j’étais occupé là-haut… Vous avez quelque chose à me demander ?

— Je vous demande de venir dîner, ce soir, aux Trois-Tilleuls, avec M. de Chanteprie.

— Très volontiers… Et… il n’y a pas autre chose ?

— Si…

— À votre air, je m’en doutais. Rien de grave ?

— Oui et non… Puis-je vous parler à cœur ouvert, comme on parle en confession ?

— Sans doute !…

— Eh bien, monsieur le curé, je suis très fâchée contre vous. Je vous garde rancune.

— Pourquoi ?

— Parce que vous m’avez envoyée à l’abbé Le Tourneur, quand M. de Chanteprie vous a demandé de commencer mon instruction religieuse.

Le visage de l’abbé se rembrunit.

— M. Le Tourneur est un prêtre consciencieux,