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LA MAISON DU PÉCHÉ


« Qu’en tout temps tes vêtements soient

blancs et que l’huile parfumée coule sur ta tête. Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, durant les jours rapides que Dieu t’a donnés sous le soleil, — car il n’y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse dans le séjour

des morts où tu vas en hâte… »
(Ecclesiaste, IX.)

Des rideaux blancs, suspendus sur la profonde embrasure de la fenêtre, tamisaient un jour laiteux, déjà pâlissant. Ils enfermaient, comme dans une claire chapelle, l’enfant qui lisait et rêvait.

Le salon provincial, orné de boiseries et de solives, meublé d’acajou ancien, semblait plus vaste et plus froid, à cette heure crépusculaire. Les cadres symétriques des portraits, accrochant un reflet de jour, montraient çà et là le profil d’un rinceau brillant et la nervure d’une acanthe. Mais l’ombre, déjà épaisse aux angles des murs, gagnait insensiblement. La lumière défaillante reculait, reculait encore, et retenue par les mousselines de la fenêtre, languissait un instant dans leur trame avant de s’évanouir.