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réunis n’auraient pu la convertir à la religion de la souffrance humaine.

Que cherchait-elle donc et que trouvait-elle, dans les livres prêtés par Augustin, sinon Augustin lui-même ?… Et elle lisait ces livres avec une application, une patience qui ravissaient M. de Chanteprie. Maintenant, quand le curé de Rouvrenoir venait aux Trois-Tilleuls, elle s’empressait de l’interroger sur les choses de la religion. Et, bientôt, elle oubliait la Trinité, la rédemption, la grâce, le péché originel… Elle parlait de M. de Chanteprie, et l’abbé semblait dire : « Évidemment… Le bon Dieu n’était que la transition nécessaire… »

Elle dit un jour :

— Je me demande ce que M. de Chanteprie deviendra… car je ne pense pas qu’il demeure toujours à Hautfort-le-Vieux.

— Et pourquoi pas ?

— Il peut se marier…

— Avec le consentement de sa mère !… Bah ! madame de Chanteprie épouvantera toutes les jeunes filles… C’est une sainte, je le veux bien ; mais comme belle-mère…

— Elle est terrible ?

— Elle est fossile…

Une ombre passa sur le visage de Fanny.

— Et vous ne pourriez pas disputer M. de Chanteprie à cette influence ?… Vous êtes son ami, peut-être son confesseur…

L’abbé se récria :

— Son ami, certainement… Son confesseur, jamais !

— Pourquoi ?