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X


Quand Augustin revint au Chêne-Pourpre, le temps avait changé : une averse continue noyait tout dans un brouillard d’eau. Et l’humeur de Fanny avait changé comme le ciel. Timide et presque triste, la jeune femme semblait préoccupée de marquer les distances, d’éviter toute familiarité.

Elle avait lu les Mémoires de Fontaine. M. de Chanteprie apporta d’autres livres, et ces lectures provoquèrent de longues discussions. Fanny, plus artiste que philosophe, assez indifférente aux idées générales, ne s’attachait guère qu’aux anecdotes et aux portraits. Les figures des Messieurs et des Mères se dessinaient avec le caractère spécial qu’elle leur prêtait, s’animaient peu à peu, prenaient couleur et vie, se mouvaient dans le décor insuffisamment décrit par Fontaine. Attentive à composer, en imagination, une sorte de vaste tableau, dans la manière de Philippe