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Port-Royal, par M. Fontaine. Et sous un cartouche représentant le monastère de Port-Royal vu à vol d’oiseau, on lisait :

À Cologne


Aux dépens de la Compagnie


MDCCXXXVIII

Fanny regardait le signet de soie rouge décoloré, tournait les feuillets, lisait tout haut les en-têtes des pages : Abrégé de la vie de M. Fontaine… Mémoire de M. Le Maistre… Exercices des solitaires de Port-Royal des Champs… Mémoires sur les Écoles… Mémoires sur Messieurs de Port-Royal.

— Ce petit livre, disait Augustin, appartenait à mon aïeule Agnès, la miraculée. Mon arrière-grand’mère le rapporta d’Utrecht avec beaucoup d’autres : le Nécrologe, la Fréquente Communion, le célèbre Augustinus… Si vous avez la patience de lire le récit du bon M. Fontaine, malgré ses longueurs, ses lenteurs, ses perpétuels retours, ses gaucheries, vous sentirez bien vite le charme austère de Port-Royal… Et plus tard, quand vous serez plus familière avec les « Messieurs », j’achèverai de vous les faire aimer.

— Mais je ne pourrai pas lire… Je ne comprendrai rien ! s’écria Fanny, Port-Royal !… Je connais vaguement Port-Royal… C’était un couvent, dans la vallée de Chevreuse, où quelques savants s’étaient retirés pour travailler et instruire des jeunes gens… Il y avait un certain Lancelot qui défendait à Racine de lire un roman grec, trop amoureux au gré du bonhomme, un roman qui s’appelait, qui s’appelait…