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rayons de bois verni qui formaient une bibliothèque, dans un angle de la salle à manger.

Elle s’approcha sans bruit et, quand elle fut près du jeune homme, elle se mit à rire :

— Que regardez-vous là ?

Il tressaillit, très confus.

— Oh ! pardon, madame…

— Ça vous intéresse, n’est-ce pas, parce que vous voulez savoir ce que je lis, ce que je pense, ce que j’aime ?… Oh ! que vous êtes curieux, monsieur de Chanteprie !

— Madame…

— Ces livres vous font horreur ?… Est-ce qu’ils sont à l’index ?

— Probablement !

Il souriait. Elle reprit :

— Vous m’aviez promis de me prêter des livres…

Augustin montra un paquet, sur la table.

— Je n’ai pas oublié ma promesse, et je vous ai apporté deux petits volumes très précieux pour moi et, peut-être, très ennuyeux pour vous.

— Comment !

— Ils vous intéresseraient cent fois davantage si vous connaissiez un peu de théologie… ou tout au moins un peu de catéchisme… Mais…

— Est-ce que c’est bien difficile, la théologie ? Vous pourriez m’expliquer… Mais, d’abord, laissez-moi voir !

Elle coupait la ficelle et prenait deux volumes reliés en veau brun, imprimés sur papier jaunâtre, La première page portait en grosses lettres rouges et noires le titre : Mémoires pour servir à l’histoire de