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Il la suivait, caressant des yeux la robe grise et la toque de chinchilla douce sur les cheveux blonds comme une peluche argentée où resterait un peu de neige.

Les jeunes gens traversèrent la grande place où l’hôtel des postes, tout neuf et gothique, élève un beffroi doré en face du vieil hôtel de ville. Isolée dans un square, une tour de briques porte cinq clochetons d’ardoises et une draperie haillonneuse de feuillage automnal mi-parti rouge et vert. Et, partout, dans les maisons, dans les églises, dans les jardins, la volonté des hommes et la fantaisie de la nature reproduisent cet accord joyeux du rouge et du vert, atténué par le gris ambiant de l’atmosphère.

Rouges sont les péniches sur la verte Lys qu’enjambe un pont de pierre ; rouges, avec des croisées vertes, les maisons des petites rues autour de l’église Saint-Martin et du Béguinage. Et le Béguinage même, où Claude et Marie pénétrèrent librement, à la fraîcheur d’une aquarelle humide.

Une cour triangulaire, une pelouse, une statue de sainte sous un acacia, des géraniums dans le gazon ; des deux côtés de la cour, des maisonnettes basses d’un blanc pur, avec des fenêtres vieillottes à tout petits carreaux, peintes en vert, ce même vert qu’ont les jeunes feuilles des