Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un sourire de religieuse. Claude, voyant Isabelle inquiète, lui dit :

— Le soleil vous salue. C’est un bon présage.

Elle descendit la dernière, embarrassée de sa fourrure et de son sac. Frédéric Van Coppenolle s’approcha d’elle.

Il était grand, non pas gros, mais empâté par la quarantaine. Ses cheveux cendrés, ses yeux gris, son allure lourde, son apparence lymphatique, lui donnaient, au premier examen, l’air bonhomme et même bonasse… Dès qu’on lui parlait en face, le regard coupant, la voix brève, déconcertaient l’interlocuteur… Et peu de personnes s’avisaient de le contredire sans nécessité.

Une seule y trouvait quelquefois du plaisir : c’était Isabelle, dans ses mauvais jours de rancune et de caprice.

Les deux époux se tendirent la main d’un geste simultané. Ils ne s’embrassèrent pas. La curiosité de la foule était odieuse à M. Van Coppenolle.

Il demanda :

— Tu vas bien ?… Pas fatiguée ?…

— Non, pas fatiguée du tout… Et toi ?… les enfants ?… ta mère ?

Isabelle prononça ce dernier mot avec effort.

— Moi, je vais bien, comme toujours… Je n’ai