Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme un familier, il appréhendait que sa franchise ne compromît une amitié naissante. D’ailleurs cette franchise lui paraissait prématurée, grossière, inutile. Est-ce que les Wallers, arrivant à Naples, ne l’eussent pas accablé, lui, Napolitain, des compliments usités, classiques, sur la beauté de la ville ? Se fussent-ils plaints de la saleté, de la mauvaise odeur, de la friponnerie du peuple ?… Non. En personnes bien élevées, ils eussent attendu que le miel des douceurs fût épuisé, et que l’orgueil du fils de Naples eût été satisfait par l’habituel hommage.

— Et le Nord ? dit Marie. Il ne vous a pas déplu, avec ses plaines, ses villes ouvrières, ses charbonnages ?

— Oh ! très intéressant… J’aime les beffrois et les carillons, si poétiques ! Et les hôtels de ville et les musées… Van Eyck… Memling…

Il confondait la France et la Belgique, pour mieux louer. Et il dit que Pont-sur-Deule était une cité charmante.

— Allons donc ! fit madame Van Coppenolle, vous ne pouvez pas aimer ces pays-là sincèrement. Vous faites un grand effort d’imagination pour vous persuader qu’ils vous plaisent et que vous les comprenez. Cher monsieur, je ne suis pas bien savante, mais j’ai un peu voyagé, et je suis absolument sûre que, si le Midi fascine