Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à restreindre leurs manifestations, le naturel était le plus grand charme d’Angelo. Sans doute, comme tous les Italiens, il devait avoir de la prudence, de la méfiance même et des arrière-pensées. Mais personne, vraiment, ne s’en apercevait, et lui même n’en avait plus conscience. Il vivait le présent avec une merveilleuse facilité. On eût dit qu’il connaissait les Wallers depuis toujours, tant il leur ouvrait aisément son âme. Pourtant, il ne disait rien qu’il pût regretter jamais d’avoir dit.

Quand on revint dans la bibliothèque, Marie offrit le café. Tous les hommes fumaient, avec la permission de madame Wallers… Le bel Angelo roulait une cigarette pour madame Van Coppenolle, M. Guillaume Wallers, à qui l’on permettait la pipe, s’était installé dans un vaste fauteuil. Il appela Angelo pour l’interroger sur son voyage.

— Quelle impression vous a faite notre France ?

— La France !… Oh ! belle, belle, élégante, surtout sympathique… Quelle finesse dans les nuages des paysages, dans les esprits, dans la langue même…

On ne put tirer de lui aucune réflexion critique, mais sans doute, il devait faire des réserves. Bien qu’il fût, chez les Wallers,