Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Ne m’accable pas, Marie, toi qui vas être heureuse ! Je te supplie de voir mes enfants, de me donner, quelquefois, de leurs nouvelles, en attendant qu’on me permette de les embrasser… Pauvres petits ! C’est sur eux seuls que je pleure, mais ils ne souffriront pas de mon absence. Ils m’oublieront vite…

» Adieu, Marie ! Je penserai à toi, quand tu seras la femme de Claude, et je ferai des vœux pour votre bonheur, même si vous me méprisez… Adieu, ma petite Marie !… »


Une larme tomba des cils de Marie Laubespin et fit une étoile sur la signature brouillée.

« Dieu te pardonne, pauvre Isabelle !… Je ne te juge pas. Je te recevrai, si tu reviens, déçue et repentante… »

… Le reflet du ciel colorait l’ombre de la chambre. Soudain, l’air vibra. Un immense frisson sonore passa sur la ville, et Marie, qui oubliait déjà la pécheresse amoureuse, Marie, rendue à ses beaux rêves, sentit palpiter dans le soir romain tous les anges invisibles, aux ailes d’or, d’émeraude et de vermillon, qui avaient été les compagnons mystiques de sa solitude.

Ils accouraient, ceux de Flandre et ceux de France, ceux d’Allemagne et ceux d’Italie, ceux des missels et des évangéliaires, ceux des fresques