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Elle monta dans sa chambre. Comme elle se reprochait amèrement d’être restée à Rome, au lieu d’emmener Isabelle, tout droit, en Belgique ! L’amoureuse avait-elle prévu que son amant la rejoindrait ? Avait-elle prolongé la halte, à Rome, pour donner une chance suprême à Angelo ?

Elle l’avait reçu dans le petit salon, et dans sa chambre même… Un bout de cigarette consumée, près du divan, révélait une présence masculine…

— Qu’elle revienne ! Mon Dieu, faites qu’elle revienne ! disait Marie.

Elle ne revint pas… Un peu avant l’angélus, un gamin apporta une lettre.

Marie, debout près de la fenêtre, lut cette confession rapide, écrite sur un mauvais papier, avec une plume boueuse, au buffet de la gare Termini. L’écriture inégale, presque illisible, s’en allait de travers et çà et là, des larmes avaient délayé l’encre…

« …Je l’aime trop… Je ne peux pas me passer de lui… Et lui aussi m’aime… Il m’a tout expliqué… Tu l’as mal compris et mal jugé… Je le sens tellement sincère, et malheureux autant que moi… Et maintenant que je lui ai pardonné, je n’ai plus la force de recommencer ma vie d’autrefois sans lui… Nous partons. J’écrirai à Frédéric et j’espère qu’il consentira au divorce…