Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un peu partout, en Sicile… Monsieur di Toma a laissé deux fils, un sculpteur et Angelo, le peintre, notre convive de ce soir… C’est cet Angelo qui doit illustrer le fameux ouvrage : l’Art et la Vie à Pompéi

— Si son talent ressemble à son plumage, ce monsieur Thomas…

— Di Toma, Claude ! vous le dépoétisez !

— Vous verrez s’il est poétique ! Une espèce de rasta, habillé d’étoffes trop minces, chaussé de souliers jaunes et coiffé d’un vieux feutre gris… D’ailleurs assez beau garçon, mais odieux !

— Il n’a jamais quitté son pays ; il n’est pas riche ; il porte les vêtements qu’il porterait à Naples, en cette saison… Soyez charitable, Claude !

Le jeune homme ne répond pas. Il s’est assis dans la bergère, devant le petit poêle rougeoyant. Marie nettoie ses pinceaux et couvre la miniature que son ami n’a même pas regardée. Elle vient enfin s’asseoir près de lui, et ils évitent de se regarder, chacun sentant la gêne de l’autre, voulant parler et n’osant parler…

Il dit enfin :

— Isabelle est à Pont-sur-Deule ?

— Oui, jusqu’à demain. J’irai à Courtrai avec elle pour voir Frédéric Van Coppenolle. Accom-