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de Thulé, la fée blonde ! Et peut-être, si madame Van Coppenolle n’était pas arrivée, peut-être eût-il vaincu l’indifférence de Marie Laubespin ! Il était si beau, cet Angelo, si passionné, qu’il ne trouvait point de cruelles…

— Je croyais que c’était très sérieux, son amour avec votre cousine !… Madone ! Est-il possible qu’Angelo lui ait donné la comédie ! Il paraissait si sincère, à Ravello ! Je pensais : « Le voilà pris !… Il suivra la Van Coppenolle ou il l’enlèvera… »

— Elle l’aime encore et je crains sa faiblesse, si elle revoit Angelo. Appelez votre frère ici, retenez-le deux ou trois jours. J’emmènerai Isabelle à Rome, pour la distraire, puis à Turin, et elle sera un peu calmée et consolée en arrivant chez son mari.

— Et vous ?

— Ne parlons pas de moi… J’ai été un peu folle, pendant quelques semaines, mais je sens que ma folie est passée… Je n’ai pas l’audace ou l’inconscience qu’il me faudrait pour être heureuse. Triste j’étais arrivée à Naples ; je partirai plus triste…

— Et que ferez-vous ?

— Mon devoir, quel qu’il soit. J’ignore l’état réel de monsieur Laubespin. S’il est perdu, je tâcherai d’adoucir ses derniers jours ; s’il guérit…