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— Le connais-tu ?… As-tu éprouvé son cœur, étudié son caractère ?

— Et toi ?

— Plus que tu ne penses.

— Vraiment ?

— Depuis sept mois, je l’ai vu presque tous les jours. Je l’ai observé…

— Avec toutes tes préventions de bourgeoise flamande !

— Il n’est pas méchant, mais il n’est pas sûr… Il est de ceux qui aiment la femme la plus proche, pourvu qu’elle soit crédule et complaisante, et qui se consolent des mépris de l’une par les faveurs de l’autre…

Isabelle s’arrêta de marcher :

— Quoi ?… Que veux-tu dire ?

— Il t’a prise. Il ne t’a pas choisie… Ah ! j’aurais dû le surveiller et comprendre ses manœuvres, et t’avertir… Mais j’avais confiance en toi ! Tes moqueries n’épargnaient pas ton futur amant et je ne le croyais pas dangereux…

— Tu veux m’humilier en le rabaissant !

— Je veux t’éclairer… Huit jours avant ton arrivée, Angelo pleurait d’amour aux pieds d’une autre femme…

Un frisson passa sur la figure d’Isabelle. Marie continua :

— Il a été ta revanche, mais toi aussi, pauvre