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XVIII


Le soleil d’onze heures frappait durement la maison blanche, et l’ombre, raccourcie, n’était guère qu’une ligne bleue, au ras des murs. Une vague brûlante déferlait à travers le ciel, sur Ravello éclatante et silencieuse, dressée à la pointe de la montagne comme une cité d’Orient.

Marie cherchait Isabelle, dans l’étroit jardin en corniche que les anthémis jaunes, la sauge écarlate, les cinéraires bleu-faïence, les œillets jaspés, les roses, toutes les roses, bariolaient de taches claires et crues. Le toit touffu de la pergola concentrait un peu de fraîcheur dans le demi-jour glauque qui verdissait l’or acide des citrons. Marie aperçut enfin Isabelle et Angelo assis sur le banc de marbre, entre les colonnes. Ils causaient d’un air languissant et ne virent pas la jeune femme qui s’approchait d’eux.