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— Je vous pardonne vos extravagances, et je vous garde mon amitié, à cause de votre mère et de votre frère… mais nous ne pouvons plus rester ensemble à Pompéi… J’irai à Ravello… Vous aurez le temps de réfléchir, de vous calmer… Nous ne reparlerons plus jamais de cette histoire… Allons venez !… on nous attend… Soyez raisonnable…

— Non, je n’irai pas avec vous… J’ai bien le droit d’être malheureux tout seul… Quand je pense à tout ce que j’ai fait pour vous !… des choses que vous ne savez pas… des choses inouïes, des crimes !…

— Des crimes ?

— Oui… j’irai peut-être en prison… Et vous, en France, vous vous moquerez de moi avec l’homme que vous aimez… Oh ! je vous déteste, méchante, méchante !…

La colère le reprenait. Marie déclara :

— Quand votre accès sera fini, vous retrouverez l’amie que j’étais, une amie sûre et indulgente… Jusque-là, bonsoir, monsieur Angelo !

Elle descendit l’escalier, et s’en alla vers la porte d’Herculanum, inquiète mais calme et digne, et sans hâte, avec cette assurance qu’on simule devant les animaux suspects et les fous.