Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle faisait sa prière, mais, au lieu de méditer sur ses fautes, elle remerciait Dieu de la beauté du jour ; elle l’abordait comme une enfant familière qui ne soupçonne pas le mal. Son mysticisme, ses peurs excessives, ses scrupules paralysants, son austérité gourmée, se transformaient en un sentiment de gratitude joyeuse. Marie ne croyait pas son âme en péril ; confiante en la promesse de madame Vervins, elle était sûre d’aimer Claude chastement, sous le regard des anges… Rien ne lui révélait la présence du démon, et si elle l’avait pu voir, de ses yeux, elle ne l’aurait pas reconnu, parce que le démon, à Pompéi, n’est qu’un petit faune…

Ainsi, le sourd travail de l’éclosion troublait la chrysalide féminine. La sève d’une seconde puberté gonflait les veines de Marie, la fatiguait parfois de ces migraines légères, de ces brusques palpitations qui marquent les jours orageux du printemps des jeunes filles…


Un jour, lasse de n’avoir point travaillé, elle éprouva la nostalgie de cette Pompéi voisine qu’elle fuyait pour n’y pas rencontrer Angelo. Elle s’avoua qu’il y avait, dans cette abstention, un peu de lâcheté et beaucoup d’enfantillage… Angelo pouvait croire que Marie le redoutait, par faiblesse ! « Tant pis ! je lui parlerai, s’il