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Frédéric Van Coppenolle à Guillaume Wallers.
Courtrai, 3 avril.
Mon cher oncle,

Pouvez-vous recevoir ma femme, de la mi-avril jusque vers la fin de juin ? Vous rendriez un grand service à Isabelle, à ma mère et à moi-même. De graves intérêts m’appellent en Amérique. J’ai besoin de n’être pas troublé et tourmenté par de sottes querelles domestiques et familiales. Isabelle méconnaît les hautes vertus de ma mère qui est à bout de patience. Il m’est impossible de les laisser seules tête à tête pour deux mois, et, d’autre part, j’ai résolu que mes enfants resteraient avec leur aïeule. Vous approuverez certainement ma résolution.

Bien souvent, vous avez accueilli ma femme chez vous, contre mon gré. Vous ne refuserez pas de l’accueillir encore, avec mon assentiment. J’ai parfois regretté votre trop grande indulgence pour les caprices et les défauts de votre nièce, mais je reconnais que vous seul, et Marie, pouvez exercer une influence salutaire sur cette Parisienne écervelée. Même à Courtrai, dans notre sage petit monde flamand, elle affecte des allures de mondaine ; elle cherche à plaire ; elle