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Frédéric n’avait pas prévu cette proposition. Il sembla déconcerté, mais il se reprit tout de suite.

— Je ne ferai pas un voyage d’agrément, ma chère amie… (Il se radoucissait.) Vous vous ennuieriez et vous me gêneriez beaucoup… Pour tout concilier, ne seriez-vous pas heureuse de passer quelques semaines en Italie, auprès de votre oncle Wallers et de votre cousine ? Ils auraient soin de vous et vous n’en recevriez que de bons conseils et de bons exemples…

Je n’en croyais pas mes oreilles…

— C’est sérieux ?

— Très sérieux !…

Je perdis la tête !… Je battis des mains !… Je faillis danser de joie…

— Oh ! Didi ! que tu es gentil !

J’appelais Frédéric « Didi », comme aux premiers jours de notre mariage, et j’allais me jeter à son cou — fallait-il que je fusse folle ! — quand il déclara, sèchement :

— Je constate que vous quitterez votre famille sans regrets !… Mais ne me remerciez pas… Je vous envoie en Italie pour avoir la paix, pour n’être pas troublé par l’écho de vos querelles avec ma mère… Vous partirez dans quinze jours. Commandez vos toilettes. Bonsoir…

Il s’en alla et je me trouvai fort allégée de