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Et plût à Dieu que j’eusse épousé André Laubespin ! Je me fusse mieux accommodée de ses vices que de vos vertus… D’abord, si l’on me pousse à bout, je me passerai du divorce… Je me ferai enlever !… J’entrerai au théâtre !… On lira le nom de Van Coppenolle sur des affiches !…

Je parlais, je criais, je pleurais, et l’horrible salon bleu tremblait, des boiseries au lustre. Frédéric ferma les portes, baissa les stores… « Êtes-vous folle ! si l’on vous voyait !… » Il était blême et je crus qu’il allait me battre… Mais, hélas ! il se contint… Cependant, mon affreuse belle-mère prenait le parti de s’évanouir. Je la laissai aux soins de son fils et je montai dans ma chambre.

Le soir, mon mari se présenta, tranquille et dur. Il me déclara que sa mère refusait de me garder à Courtrai en son absence. Je répondis que j’étais chez moi et que je refusais, moi, de garder madame Van Coppenolle.

— Jamais ma mère ne quittera cette maison qu’elle gouverne pour le bien de tous, puisque vous êtes incapable de diriger votre ménage, d’élever vos enfants…

— Alors, je partirai… Je vous accompagnerai en Amérique. C’est mon droit. La loi que vous invoquez m’oblige à vous suivre et vous oblige à me recevoir !