Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cemment, d’art et de littérature, parce qu’il m’envoyait des revues, des livres, des fleurs, madame Van Coppenolle s’est hérissée ! Elle a prétendu que je flirtais avec ce M. André de Matys, que j’étais le déshonneur des Van Coppenolle et le scandale de Courtrai ! Frédéric n’est pas jaloux, tu le sais ! Ma paresse et ma froideur le rassurent, et, d’ailleurs, il est persuadé qu’un homme tel que lui ne peut être trompé ni en affaires ni en amour… Mais il approuve, en bloc, tout ce que dit, tout ce que fait sa mère, depuis les théories éducatives jusqu’à la façon de tourner la salade… Je t’épargne le détail de la scène conjugale qui suivit l’intervention de la douairière… Cette fois, je me révoltai. Je parlai de me réfugier à Pont-sur-Deule et d’y rester…

— J’irai vous chercher.

— Je refuserai de vous suivre.

— La loi est pour moi.

— Je me moque de la loi… Nous divorcerons. Je ne demande qu’à divorcer.

Ma belle-mère poussa des gémissements plaintifs.

— Jamais on n’a divorcé dans la famille Van Coppenolle…

— Tout arrive.

— Votre cousine Marie…

— Nous ne sommes pas faites du même bois…