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le long des murs… — On dirait un club, tant ils sont sérieux !… Allez vite, madame !…

Le mouchoir parfumé n’était pas inutile… Plus loin, à l’angle d’une autre ruelle, un marchand disposait, sur une table dégoûtante, des fruits de rebut : cerises, citrons doux, mandarines, nèfles du Japon. Un autre faisait frire des beignets, et l’odeur de l’huile chaude se mêlait au souffle empesté des taudis et du ruisseau.

Salvatore interrogea le marchand.

— Donna Peppina Cocumella ? s’écria l’homme. Eh ! c’est elle-même qui parle au revendeur de ferraille… Je vais l’appeler… Oï !… oï !… donna Peppi !… Venez !… Son Excellence vous demande !…

Les gamins en chemise, les bébés tout nus, qui touchaient du doigt la robe de Marie et se sauvaient comme des rats, reprirent en chœur :

— Donna Peppi !… Donna Peppi !

Une grosse femme pâle, coiffée d’un fichu d’indienne, accourut. Elle brandissait une cafetière de cuivre sans fond.

— Excellence !… Quelle faveur !… Et votre jolie femme !… Vous êtes venus me chercher ici, moi, infortunée !… Arrière, enfants ! Puissiez-vous mourir assassinés !… N’approchez pas ! Nous sommes ici des gens convenables… Je ne