Page:Tinayre - La Douceur de vivre.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mi-béguine, demoiselle de compagnie et servante-maîtresse.

— Émilie ! Monsieur Guillaume qui sort, à cette heure-ci !

— À cette heure-ci ? Mademoiselle est bien sûre ?

— Il est arrêté devant mademoiselle Broquette. Il regarde les journaux…

Et les langues d’aller leur train ! Mademoiselle Émilie se souvient qu’elle a vu la cuisinière des Wallers acheter deux faisans et une langouste. On sait que M. Wallers est fin gourmet, qu’il possède la meilleure cave de Pont-sur-Deule, mais, lui, sa femme et sa fille, ne mangeraient pas deux faisans et une langouste énorme, au souper !

Mademoiselle Hautremont fait observer à mademoiselle Émilie que les trois Wallers ne seraient pas seuls à savourer ces bonnes choses :

— Madame Coppenolle est chez eux depuis quatre jours…

La vieille infirme prend un air mystérieux et un ton de blâme quand elle prononce le nom d’Isabelle Van Coppenolle.

Cette jeune cousine de Wallers a fait beaucoup parler d’elle, — et quand on parle d’une femme, en province, ce n’est pas pour en dire du bien. Flamande d’origine, Flamande par sa robuste