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cousins de Palerme arrivaient par le bateau…

À cette dernière nouvelle, M. Guillaume Wallers avait répondu simplement :

— Ne me parlez pas de bateau ! Cette ironie est déplacée… Maintenant, mon cher Angeîo, je vous donne vingt-quatre heures pour renvoyer vos cousins en Sicile et venir vous-même à Pompéi. Une chambre est disponible à l’auberge de la Lune. Ma fille y serait fort mal, mais vous y serez fort bien. Nous travaillerons ensemble et vous réglerez votre montre sur la mienne…

L’ukase de M. Wallers marqua la fin des temps heureux. Le descendant des barons Atranelli songea que la « vie noble » coûte cher et que sa bourse était plate. Le terne qu’il poursuivait, au lotto, depuis cinq ans, ne voulait pas sortir. La douloureuse obligation du travail s’imposait. Angelo fit bon visage à mauvaise fortune.

À ce moment, M. Wallers était dans la fièvre de ses noces avec Pompéi. Il redécouvrait la ville. Il la possédait par les yeux et par la pensée.

M. Weiss, de Munich, M. Hoffbauer, de Dusseldorff, M. Stremsoë, de Christiania, et ses quatre filles blondes, le vieux petit abbé Masini, de Turin, les frères Barrington, de Londres, enfin le colossal peintre russe dont personne ne pouvait prononcer le nom, — tous ces gens qui