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beaucoup de chiffons, peu de tendresse dans beaucoup d’ironie. Il généralisait, confondant la Parisienne et la Française. Et son accent était si câlin, son regard si amène, que ces mauvais compliments, étaient tout de même des compliments, et qu’il semblait, en critiquant les Françaises, leur faire — à elles toutes et à Marie en particulier — une déclaration d’amour.

Avant que Marie eût protesté, il se leva pour partir, et baisa la main de la jeune femme, d’un air passionné et respectueux, tandis que Salvatore tâchait de le retenir :

— Eh ! diable, il n’est pas si tard, comte… cher comte…

Le cher comte était déjà parti.

Angelo déclara :

— Eh ! laisse, Tore… Il me déplaît, cet homme ! Il n’a dit que des sottises… Et puis, je n’aime pas ses yeux…

Le maître de musique et le gros Gramegna tressaillirent et firent, ensemble, un signe conjurateur.

— Crois-tu, Angè ?… qu’il serait… jettatore ?…

Le sculpteur haussa les épaules.

— Le cher comte a rapporté de France une âme ulcérée à cause de quelque femme !… Mais il aime la peinture et la sculpture. Mon frère et moi n’avons pas de meilleur client… Disons la