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VII


La maison de Salvatore, penchante au flanc du Pausilippe, était bien belle quand on l’apercevait de la mer. Les Allemandes sentimentales qui louent des barques à la Mergellina, pour l’excursion classique du Cap, ne manquaient jamais de la montrer à leur époux avec un « Ach ! » d’émotion… Car c’était vraiment une maison pour l’amour, ce cube de pierre, couronné de balustres, et qui brillait dans le noir feuillage hivernal comme une orange sanguine…

Mais quand on la voyait de la route, et de près, la maison de Salvatore n’était point belle. Au bout d’un maigre jardin planté d’artichauts et de salades et loué aux habitants du villino mitoyen, la bâtisse négligée depuis longtemps montrait la misère emphatique de moulures, de colonnes, de frontons peints en trompe-l’œil sur