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Salvatore le gronde quelquefois, mais il est indulgent et tendre jusqu’à la faiblesse.

La nature, si clémente pour donna Carmela et pour Angelo, a été cruelle pour Salvatore. C’est un homme petit, large, un peu contrefait. Ses cheveux, rudes et bouclés, sont presque gris autour du front. Ses yeux ont l’éclat de l’émail dans une face écrasée et douloureuse ; et il me fait songer à un Othello très doux, un Othello sans amour ni jalousie.

Êtes-vous satisfait, Claude ? Vous connaissez maintenant « les gens et les choses » qui sont mêlés à ma vie. Mais vous ne connaissez pas mon cœur, puisque vous êtes inquiet — ce qui m’offense — et malheureux… ce qui m’attendrit…

Ayez confiance en moi. Votre

MARIE.


22 décembre.

Mon cher Claude, je suis seule chez madame di Toma. Mon père est parti, hier, pour Pompéi et je ne sais quand je pourrai l’y rejoindre… L’autre jour, au musée, dans les petites chambres où sont les vases et les bijoux pompéiens, il m’a déclaré :

— Le temps est abominable ; et ce qui est