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Le lendemain, dès mon réveil, je courus à la fenêtre.

Carulina, qui avait ouvert les persiennes, m’invitait à contempler le panorama :

— Voyez, madame !… Cette colline, à droite, c’est Pausilippe… Et là, à gauche, cette tour dans la mer, c’est Castell’Ovo… Et, après, c’est le port et ce sont les villes vésuviennes… Portici, Résina, Torre del Greco, Torre-Annunziata… et la péninsule de Sorrente… Et le Vésuve, madame, le Vésuve !…

Je ne voyais rien qu’un large quai, noyé d’eau ; à droite une longue silhouette grise, couchée dans la mer, et, à gauche, un tas de maisons très laides, en paquet, les unes sur les autres, dégringolant jusqu’au Castell’Ovo qui est une bien petite Bastille. L’arête de rocher, qui coupe Naples en deux et descend de Pizzo-Falcone au quai de Santa-Lucia Nova, me cachait la plus grande partie de la ville et presque toute la concavité du port… Mais, à travers les gazes grises de la pluie, je devinais la faucille du golfe, dont la pointe extrême est Sorrente, des montagnes foncées et un tronc de cône bleu sombre, strié de brun, écrasé de nuages… Le Vésuve !

C’était le Vésuve ! C’était la baie de Naples ! le paysage célèbre, trop célèbre, trop vanté, trop