petits visages d’enfants rachitiques, aux yeux insolents, câlins et tristes.
Et puis, dans le quartier commerçant de Toledo, devant les cafés, il y avait encore des femmes en châle et des enfants déguenillés, mais aussi de jeunes bourgeois de la ville, vêtus comme Angelo di Toma, avec ce même faux-col brillant, ces mêmes manchettes démesurées, ce même feutre gris clair enfoncé, un peu en arrière et de côté, sur les cheveux d’un noir terrible… Beaucoup de faces olivâtres, presque vertes, des types espagnols et sarrazins, et quelquefois un personnage au grand nez comique et spirituel, attestant la parenté de race avec Polichinelle.
Aux carrefours encombrés, la voiture avançait lentement ou s’arrêtait. Alors, les beaux messieurs nous regardaient fixement, papa et moi, sans gêne, et peut-être sans intention désobligeante. Mais tous ces regards noirs, directs, veloutés, m’horripilaient ainsi qu’un contact physique…
Angelo et Salvatore di Toma suivaient dans une autre voiture. Leur mère, très souffrante, avait dû se coucher et elle ne pouvait nous recevoir elle-même. Mais Angelo qui sait tout faire avait fait le maître de maison ; il nous avertit, avec candeur, qu’il avait choisi nos draps —