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Maria-Josèphe le saisit par le bras, violemment, comme si de telles paroles l’eussent mise hors d’elle, elle cria :

— Yann, Yann, ne dites pas cela… vous vous trompez… Yann ! comprenez donc… Mon Dieu !… Je ne peux pas dire… Yann, ô mon Yann !…

Et elle tomba sur la poitrine de son mari, la tête perdue, cachant son visage dans ses mains… Et Yann n’osant croire ce que lui disaient clairement l’accent, le regard, le trouble de sa femme, Yann murmura :

— Oh !… ma Doué ! Est-ce que je suis fou ?… Maria-Josèphe, je crois que je rêve…

Mais elle se serrait contre son épaule, décidée à tout dire dans cet abandon éperdu de son être…

Yann referma sur elle ses bras frémissants, ivre d’amour, d’orgueil et de joie.

— Ma bien-aimée ! dit-il.

— Yann, ô mon Yann, dit-elle comme en expirant, je vous aime…

— Et moi aussi, je t’aime, je t’aime, répétait-il… Oh ! dis, dis, tu veux donc être vraiment ma femme, ma femme tout à fait ?

— Oui, soupira-t-elle.