je n’en aurais jamais dû rêver d’autre… Allez, Yann, il faut que ça finisse. J’en ai assez d’être au monde, puisqu’on y est si malheureux. Il vaut bien mieux que je meure.
— Voulez-vous ne pas dire ça, gémissait Yann.
Elle pleurait. Alors, il tendit son poing vers l’horizon et cria : « Ah ! canaille, canaille !… Y a-t-il un bon Dieu qui puisse voir ça ?… Venez donc nous prendre nos femmes, vous verrez si nous avons le bras solide, nous autres Bretons ! Parce que nous ne savons pas lire, parce que nous avons un grand chapeau et des mains noires, comme nos pères et nos grands-pères, on nous regarde donc comme des chiens, on ne nous croit ni cœur ni tête !… Ah ! ma Doué ! ma Doué ! quel malheur ! Une pauvre petite si jeune, si belle, si douce ! Ma Doué ! faut-il être un lâche tout de même pour faire pleurer une enfant comme ça.
— Allez, Yann, reprit-elle en sanglotant toujours, c’est bien vous le meilleur de tous… C’est pourquoi je vous prie de me pardonner, à moi qui vous ai fait tant de peine !
— Moi, dit Yann… Ah ! ma pauvre amie, moi, vous pardonner… Il restait tout saisi, tout attendri