Il se penchait vers elle, continuant le lent enchantement de ses paroles.
Les ombres maigres des pins tremblaient sur lui, sur la robe noire de Maria-Josèphe, sur la mousseline qui voilait sa tête penchée, sur ses mains frémissantes et froides. Et de lui parler ainsi, dans cette solitude brûlante, une passion folle le prenait et il s’animait à ses propres aveux. De grandes raies lumineuses filtraient à travers les branches et sur l’herbe rase, entre les touffes violettes, dansaient des taches de soleil. Un fort parfum de résine se mêlait aux aromes puissants du sol fendu par la sécheresse ; de longues mouches brillantes bourdonnaient dans la vibration de l’air et se posaient sur la robe de la jeune fille. On sentait vraiment l’ardeur féconde de l’été ; et cet embrasement de l’atmosphère saturée de flammes et de senteurs, cette haleine enfiévrée des choses, c’était bien l’amour immense de la terre, s’exhalant de tous ses pores vers le baiser du soleil.
— L’amour… disait Robert.
Ce mot qui sortait de toute la matière animée, des murmures des herbes sèches, des lueurs du ciel, des sourds tressaillements des bois, ce mot, le seul mot de la langue universelle des mondes, se fondait sur les lèvres du jeune homme, passionnément. Et Maria Josèphe, la tête renversée, les yeux mi-clos, buvait l’ivresse qu’il lui versait, à pleine âme…
Il demanda, d’une voix câline et suppliante :