histoires du temps passé. Mais sous la lumière du jour, les mousses, les ajoncs, les bruyères adoucissent leur rude silhouette.
Maria-Josèphe répondit :
— Je crois que je commence à comprendre ce que vous trouvez beau dans ces grandes pierres-là. Nous autres, gens du pays, qui les avons vues depuis notre enfance, nous les regardons comme des cailloux très vieux et énormes. Les anciens content là-dessus un tas d’histoires : ils disent que ce sont des soldats païens pétrifiés par saint Cornély. Mais, au couvent, les sœurs m’ont appris à ne pas croire aux légendes.
— C’est dommage, dit-il. Vous êtes si parfaitement l’idéal de la Bretonne qu’un peu de superstition ne vous messiérait pas, mademoiselle.
Elle sourit.
— Oh ! monsieur Robert, j’ai mes idées ; moi aussi, et des idées bien folles quelquefois. J’ai peur la nuit, je vous assure, et je n’irais pas jusqu’au bout du bourg sans me signer à chaque minute.
— Avez-vous peur des revenants ?
Elle sourit encore.
— Je ne sais pas de quoi j’ai peur.
— Je le sais moi, dit le jeune homme avec malice. Allons, un peu de franchise. Vous craignez les galants, n’est-ce pas ?
Elle leva sur lui de grands yeux calmes.
— Oui, je sais certain joueur de biniou — beau gars ma foi, quoiqu’un peu… simple — et dont la cour… naïve et un peu villageoise ne semblait pas…
Maria-Josèphe rougit violemment.