Page:Tinayre - L Ombre de l amour.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’OMBRE DE L’AMOUR




I


Le tic tac de la vieille horloge parut s’arrêter. Quelque chose grinça, gémit ; et de la gaine bombée en cercueil, l’heure s’échappa, petite âme sonore et fêlée, triste d’annoncer le crépuscule d’hiver.

Denise Cayrol piqua l’aiguille dans la toile étalée sur ses genoux. Fatiguée, elle se renversait un peu contre le dossier de sa chaise. Un jour diffus, par deux fenêtres voilées de blanc, remplissait la salle à manger. Le bahut de noyer, à quatre portes, à demi-colonnes torses, occupait le panneau du fond. Une ligne de feu vermeil marquait la porte du poêle. Des lithographies coloriées s’effaçaient, dans leurs cadres noirs, sur la boiserie grise des murs. Entre deux têtes de chevreuils naturalisées, brillait l’or ancien d’un baromètre.

Comme il y avait des piles de draps sur la table et un panier de fruits, la grande pièce carrelée, un