Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’hôtel de France. Jean proposa une promenade au jardin.

Marthe déshabillait son fils. Elle se complaisait à présider elle-même au coucher du petit garçon. C’était sa récréation maternelle, l’heure des câlineries charmantes, des caresses, des baisers qui la laissaient toute rose et vibrante d’un bonheur que Jean respectait. Elle était mère comme on est amante, concentrant sur l’enfant de sa chair toute la passion que n’alimentait pas la calme tendresse conjugale. Quand elle eut fermé les rideaux de mousseline sur le sommeil de son fils, elle rejoignit Demarcys, laissant Alida vaquer aux soins du ménage.

Il faisait jour encore. Sous le ciel turquoise, les cimes des arbres ne tremblaient même pas, immobiles dans une lumière dorée. Les raisins noirs se gonflaient sous la dentelle des feuilles légères, et les rosiers rouges étaient en fleur.

— J’ai à vous parler, dit Jean.

Elle leva les yeux, déjà inquiète.

— Il paraît que vous irez bientôt à Rochefort ?