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qu’à demi sincères, et Jean avait accueilli la passion avec trop de complaisance pour espérer même la repousser.

Cependant, il reculait devant l’entière responsabilité d’une aventure qui pouvait devenir redoutable. Son amour, fait de sensualité et de littérature, acceptait les compromis qu’il masquait de générosité. « Je ne veux pas contraindre Marthe. Je ne lui tendrai aucun piège. Elle se donnera volontairement, je ne veux pas qu’elle puisse rien me reprocher. » Demarcys traduisait ainsi cette vérité brutale : « Je ne veux pas autoriser un scandale qui bouleverserait mon existence ; je ne veux pas l’ennui des reproches après le plaisir. Il faut que je me réserve le droit de dire : — Ma chère, vous l’avez voulu. » Pas une minute, cet homme si épris de psychologie et de casuistique sentimentale, n’entrevit que l’inégalité des risques fait l’inégalité des dons échangés entre l’homme et la femme, et que celui-là reste le débiteur de celle-ci. Son égoïsme superbe s’accommodait trop bien du partage des responsabilités. Il se