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Il considéra avec une pitié mêlée de répugnance ce petit être chauve et plissé, marqué de rouge aux paupières et au front. Les mains tuméfiées s’agitaient faiblement hors des langes et de temps en temps, le visage informe se contractait, se ridait dans un effort pénible, pour un cri frêle et douloureux.

C’était la promesse d’une femme, l’ébauche d’une créature qui grandirait pour l’amour des hommes, dans l’air salubre de la mer, à l’ombre des pins. Un jour, sa jeunesse fleurie troublerait le cœur fruste des pêcheurs, et elle céderait à la loi éternelle pour enfanter à son tour. Sa vie était tracée d’avance, bornée aux rivages sablonneux, aux forêts de l’île natale, remplie de simples devoirs et de simples travaux. On pouvait fêter sa naissance.

— Pauvre petite ! dit Marthe en relevant son front.

Elle pensait à son fils et ses yeux étaient pleins de larmes.