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des résines et des goémons, un parfum savoureux et sucré, un parfum d’oranger et de vanille, s’exhalait des arbustes frissonnants.

C’était une merveille féerique, un conseil d’amour exhalé dans la nuit, et l’âme du chaste paysage, du stérile Océan, des sables amers, en fut ivre. Jean, grisé, crut que l’île entière fumait comme un encensoir. Il lui sembla respirer un souffle de baisers épandu dans l’air, l’haleine féminine d’Aphrodite. Il perdit la raison, et pressant Marthe contre sa poitrine, il baisa sa brune chevelure sous la pluie odorante des fleurs.

Elle jeta un cri. Demarcys crut qu’elle allait tomber dans le vide. Brusquement, il la ressaisit et la baisa sur la bouche. Alors elle le repoussa et, nu-tête, éperdue, elle se mit à courir, descendant le versant opposé. Sa robe claire flottait entre les troncs noirs comme une tunique de dryade. Jean se lança derrière, enivré par le baiser, l’ombre, les arômes, la poursuite. Légère, elle fuyait, cible mouvante où tendaient ses forces de jeune homme, ses vœux d’amant,