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Et le silence de Marthe répondait :

— Je suis heureuse.

Pour abréger leur route, ils obliquèrent à travers bois. La dune montait. Marthe, plus lasse, pesait davantage au bras de son compagnon. Leurs pieds glissaient sur les aiguilles desséchées, et pour assurer leur marche, ils se rapprochaient involontairement.

— Il doit être tard, disait Marthe. Hâtons-nous.

— Nous arriverons toujours trop vite. J’aurais voulu que cette journée ne finît jamais.

Il y avait un regret sincère dans l’accent de Demarcys. Jamais il n’avait aimé Marthe comme il l’aimait à ce moment, dans le décor sauvage qui s’assombrissait autour d’eux. La poésie de l’heure et du lieu, puissante sur son imagination d’artiste, s’ajoutait au charme de la femme qui régnait sur ses sens émus, sur son cœur léger. Marthe avait ôté son chapeau qui pendait à son bras comme une corbeille, au bout de deux longs rubans. Elle tâchait de s’orienter, dirigeant ses pas vers la droite. Après une montée