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pourpre l’éblouit. Elle vit que le soleil touchait les flots et que le sable était rose. Combien de temps était-elle restée, muette et vaincue, en face de Jean ? Elle s’épouvanta.

— Il faut partir. Nous avons oublié l’heure.

Jean l’aida à se relever. Brisée d’émotion, elle chancelait. Il dit :

— Prenez mon bras.

Le ciel était pur. Au ras de l’horizon, de longs nuages ardoisés s’ourlaient d’une écume d’or. Un grand éventail de rayons, filtrant au travers, se perdait dans une lumière orangée. Plus haut, par des gradations infinies, l’orange se fondait en rose verdissant et le vert mourait en mauve. Du côté de la forêt, reparaissait l’azur, un azur presque gris de lin où la pleine lune n’était qu’une fleur de rêve.

Les nuages inférieurs rougirent. Comme derrière la gaze tendue d’un décor, le disque sanglant glissa sur la mer. La grève immense, sillonnée des mille ruisseaux que laisse le reflux dans les sables, réverbéra la merveille du ciel. Marthe et Jean contemplaient ces noces du soleil