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— Vous avez mon amitié. N’est-ce pas déjà beaucoup ?

— Oui, dit-il sans conviction.

— Que vous êtes enfant ! dit-elle étonnée. Je ne vous savais pas capricieux. Je vous donne, en venant ici, une preuve de réelle confiance… et vous n’êtes pas content.

— Si, je suis content, dit-il avec une câline humilité, qui caressa le cœur de Marthe. Ne prenez pas garde aux bêtises que je pourrai dire. Je vous respecte autant que je vous aime… Je suis trop heureux de vous avoir trouvée pour risquer de vous perdre par ma faute. L’indulgence, la pitié que je vous demande, vous pouvez me les donner. Ma tendresse est sans crime parce qu’elle est sans espoir. Pourtant je ne me plains pas. Un mot de vous, un regard, votre main que vous me laissez prendre, marquent dans ma vie des minutes inoubliables et des souvenirs délicieux. Que ferais-je, si vous m’éloigniez ?… Je suis seul dans ce pays, sans amis, sans famille. Votre seule présence éclaire l’ennui de mes jours. Dites-moi que je ne dois