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qu’au jour où je l’ai rencontré plus beau sous sa forme vivante… L’honneur me commandait-il de fuir ? Je l’ai cru, d’abord. Maintenant…

Elle fit un mouvement pour s’éloigner. Il l’arrêta :

— Madame, ne vous méprenez pas sur le sens de mes paroles… J’ai trop parlé, peut-être. C’est une raison pour tout dire… Je suis le plus dévoué, le plus tendre, le plus respectueux de vos amis. Je n’attends rien, je n’espère rien, je ne veux rien, — mais je vous aime. Je n’ai aimé que vous. Pardonnez-moi cet aveu. Je ne le renouvellerai plus. Ayez pitié de moi, ne m’éloignez pas de vous… Si vous saviez…

— Taisez-vous, dit-elle, au nom du ciel, taisez-vous.

— Encore un mot… Je tairai mon amour, mais accepterez-vous mon amitié ?… Ah ! ne me répondez pas tout de suite. Ne prononcez pas une parole qui me ferait un mal inutile… Le sentiment que je vous ai voué est si humble, si pur, si fervent… Ce que j’ai de meilleur dans l’âme mourrait de sa mort. Je vous en supplie…