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sible, et il se rendait naïvement l’hommage du Pharisien.

Pour lui, comme pour la jeune femme, l’absence avait été la révélatrice de l’amour. Le souvenir de Marthe l’obsédait. En voulant scruter ce cœur innocent, il s’était pris à son propre piège, et le désir, l’imagination, la curiosité en éveil, lui donnaient l’illusion de la passion définitive.

Il convint avec mélancolie qu’il vaut mieux paraître un ingrat qu’être un misérable, et il écrivit la lettre qui causa au docteur et à sa femme la plus vive déception.

Mais une semaine ne s’était pas écoulée que Jean se traitait d’imbécile. Il était bien de taille, après tout, à lutter contre un amour tout jeune, que Marthe n’encouragerait pas… Ah ! si elle avait dû l’encourager, Jean ne fût jamais revenu près d’elle. Mais elle était calme, chaste, heureuse. Les désirs de Jean étaient condamnés à tomber d’eux-mêmes, l’occasion de la tentation ne se présentant même pas… À quoi bon passer pour un homme