qui a du cœur ne peut aimer deux hommes à la fois, et les aimerait-elle, ce qui me semble impossible — elle préférerait renoncer à tous deux que de les tromper réciproquement… Non, je n’aime pas ce livre, monsieur Demarcys. C’est un mauvais livre, qui trouble et qui attriste.
— Dame ! la vérité n’est pas toujours belle et réconfortante.
Elle secoua la tête.
— Non, monsieur Demarcys, non, ces sentiments abominables n’existent qu’à l’état d’exception. Quand on a le cœur droit, on aime ou l’on hait, franchement, et si l’on aime, c’est pour toujours. Vous comprendrez cela quand vous serez marié.
Jean se prit à rire :
— Si je me marie, je tâcherai d’épouser une femme qui ait les mêmes principes que vous ou les mêmes illusions. Allons, je vous prêterai dorénavant les chefs-d’œuvre de la littérature aimable, car il serait fort vilain de troubler par des billevesées une âme convaincue de l’excellence de sa foi.