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désir et d’orgueil que je n’ose pas analyser. Cette flamme éteinte laissera des cendres, où vous ne retrouverez rien de votre cœur.

» Aussi ne m’attardé-je pas à vous consoler. Quand vous recevrez ces lignes, peut-être serez-vous déjà guéri. Adieu donc, et pardonnez-moi de n’avoir pas su dissimuler jusqu’au bout. On ne nous sait jamais gré d’une demi-franchise. D’ailleurs, certaines confidences sont dangereuses, de femme à homme. Notre amitié ne comporte pas toutes les indulgences. Et puis, le préjugé est si fort ! Les mœurs, les lois, la religion, l’intérêt même des hommes condamnent les entraînements du cœur. Vous ne les excusez qu’en littérature ; dans la vie réelle, quand vous n’en profitez pas directement, ils vous apparaissent comme une déchéance. C’est notre désertion, à nous : quel tribunal pardonne aux déserteurs ?

» Peut-être avions nous tenté l’impossible ? Peut-être l’amitié entre les sexes différents est-elle tout à fait chimérique ? Peut-être