Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment des aveux d’Hélène. Déjà, dans mon dévouement même, pointait le germe du doute, et le germe était devenu une plante vivace et vénéneuse, toute fleurie de soupçons, de rancunes et de mauvais désirs. Je reconnaissais en moi ce mépris injuste que tant d’hommes infligent aux femmes qui n’ont pas voulu d’eux, aux femmes qui ont voulu d’un autre. Je subissais encore, malgré les révoltes tardives de ma raison, le vieux préjugé qui mesure la valeur d’une femme à ce qu’on appelle sa vertu, comme si cette vertu était un absolu, indépendant du milieu et des circonstances.

Belle découverte, vraiment, et dont je pouvais être fier ! Le libre esprit, l’artiste, transformé en Joseph Prud’homme ! Cependant, je ne pouvais que constater l’absurdité de la contradiction qui me faisait excuser Hélène des fautes qu’elle aurait pu commettre lorsque je me croyais sûr qu’elle ne les commettrait jamais… Elle les avait commises, je le savais, ces fautes d’amour qui me la présentaient découronnée et déchue… Malgré moi, je voyais